Cet article a pour but d’étudier la réception en Occident d’un peintre inconnu originaire du Soudan français, actuel Mali, qui s’appelle Kalifala Sidibé (1900?-1930). Cette étude se base principalement sur les comptes-rendus de son exposition à Paris en 1929 et sur l’examen du discours sur la « peinture nègre » du point de vue de l’émergence d’un nouveau type d’artiste noir. D’abord, nous étudions les idées générales de l’époque sur l’absence du tableau en Afrique noire, notamment sur le plan historique. Et on analyse entre autres son image d’un noir « authentique », à travers ses caractéristiques communes avec le peintre du Congo belge, Albert Lubaki. D’autre part, nous étudions la différence entre l’intérêt pour les sculptures africaines et l’intérêt pour la « peinture nègre ». En fait, les tableaux de Sidibé furent appréciés par ses contemporains en Occident contrairement à l’« art nègre » considéré à l’époque comme un art disparu. Il s’agit aussi de l’émergence d’un nouveau genre artistique qui influença l’évolution des relations entre l’Occident et l’Afrique noire. Les divers avis concernant Sidibé disent que ses peintures furent reçues à la fois comme un prolongement de l’engouement pour le primitivisme de l’« art nègre » et comme un vecteur sur le plan politique et culturel dans un contexte d’évolution des idées sur le colonialisme, le mouvement des noirs et l’émergence d'une nouvelle génération d’ethnologue.
Mots-clefs : Kalifala Sidibé, art nègre, peinture en Afrique subsaharienne