Cet article propose d’analyser le thème de la ville moderne dans une série d’œuvres de Fernand Léger (1881-1955) réalisées entre 1919 et 1923. Après son retour de la Première Guerre mondiale, Léger a montré une productivité remarquable en abordant plusieurs styles et thèmes à la fois, donnant ainsi un caractère éclectique à cette étape de sa carrière – par rapport à la tendance connue comme « rappel à l’ordre » dans les mouvements d’avant-garde de cette époque. Néanmoins, de nombreuses études de son œuvre ont tendance à négliger le motif, pourtant omniprésent, de la ville – fondé sur son interprétation personnelle de la vie urbaine contemporaine. Ce motif peut, quand même, servir à relier l’entier corpus de ses œuvres de manière conceptuelle.
Notre intention est de réévaluer la conception de la ville chez Léger afin de révéler sous un angle nouveau la signification de ses peintures traitant de ce thème. Il était très sensible aux transformations dramatiques de son environnement et a montré un grand intérêt pour les nouvelles formes de l’architecture moderne. Ce thème l’a conduit à détourner son attention de la simple évocation « simultanée » de la vie dans la ville moderne afin d’explorer – d’une manière à la fois engagée socialement et radicalement picturale – les nouvelles possibilités offertes par sa conception révolutionnaire de l’espace urbain.
Mots-clés : ville moderne, simultanéisme, architecture moderne, espace transparent