Dans la Phénoménologie de la perception, Merleau-Ponty dit que seul le langage se sédimente et que dans la peinture, il ne trouve pas d’éléments communs correspondant aux mots dans le langage. Cela revient à dire que la réciprocité entre l’expression du présent et celle du passé, qui est possible dans le langage, n’existe pas dans la peinture. Cependant, dans La prose du monde et « Le langage indirect et la voix du silence », il tire des œuvres de Malraux la notion de style commun entre diverses peintures. De là, il en conclut qu’il y a une relation mutuelle entre les peintures. Les peintures du passé ouvrent une dimension et celles du présent reprennent le style apparu dans les précédentes. Il y a, selon Merleau-Ponty, « l’historicité de vie » qui existe dans l’acte même de peindre. En outre, la peinture vient occuper une place importante dans sa pensée car, tandis qu’à l’époque de la Phénoménologie de la perception, il n’avait pas suffisamment traité de la relation entre la perception et l’histoire, l’idée de corporéité du peintre ajoutée à cette même peinture lui permet par la suite d’aborder la question de l’histoire qui s’enracine dans la perception.